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Ma femme n'en voulait plus.
Et moi, j'en voulais un. Un ou une.
On avait déjà un fils. Unique.
Il souffrait. Et moi aussi.
Alors, j'ai insisté pour en avoir un autre.
Ma femme n'en voulait rien savoir et j'ai tellement
insisté qu'elle a commencé par faire la tête.
C'est un bon début, mais ça ne suffit pas.
Alors j'ai fait des pieds et des mains
pour qu'elle fasse le reste. Mais non!
Elle n'en voulait plus.
Elle m'a dit: "t'as qu'à le faire toi".
Je l'ai prise au mot.
Et j'ai commencé à faire le bébé.
Je me suis mis à pleurer pour tout et pour rien,
à crier, à pisser au lit.
Et puis elle m'a dit que j'avais plus l'âge.
Mais j'ai continué, avec mon fils.
On jouait ensemble comme de vrais gosses.
Puis avec ses petits camarades. Et c'était génial.
Les petits copains de mon fils lui disaient
"Ton père, il est unique!"
Ça voulait déjà dire que mon fils n'était plus unique.
Puisqu'il y avait deux "uniques".
Une paire d'uniques si vous voulez.
Moi le père d'un fils unique et lui
le fils d'un père unique.
En fait, c'est plus compliqué que ça,
parce que quand il y a deux uniques,
il n'y a plus d'unique du tout.
Et un jour ma femme est venue dans la salle de jeux.
Elle y a retrouvé sa petite poupée aux yeux bleus.
Et on s'est mis à jouer ensemble.
Comme deux vrais gamins.
On a joué, je m'en souviens bien.
On a joué au papa et à la maman.
Depuis, notre fils a une petite soeur
Tiré de "cris et dits écrits et inédits"; par Alexis Giroud. Cliquez ici pour donner votre avis